Où en est-on avec notre histoire coloniale ?

Où en est-on avec notre histoire coloniale ?

L’a-t-on regardée en face ou laissée en partie sous le tapis pour n'en garder que ce qui nous arrange, nous les Blanc·hes ? Qu’en est-il des générations futures ? Comment aborderont-elles cette mémoire collective qui nous touche tou·tes d’une manière ou d’une autre ? Que faire de ce poids qui pèse toujours aujourd’hui sur les populations racisées ? Sur les anciennes colonies ? De l’autre côté, comment assumer les responsabilités ? Comment regarder et analyser les traces de cette époque, éparpillées par ci par là dans l’espace public ou dans la sphère privée, familiale ?

Toutes ces questions, Sabine Meunier, professeure d’histoire à l’Institut Sainte-Marie de La Louvière, se les pose de longue date. D’abord en lien avec sa propre généalogie, ensuite en les partageant avec ses élèves sous forme d'un projet pédagogique établi sur plusieurs années scolaires. "La première compétence en histoire, c’est de se poser des questions. Les élèves en ont eu beaucoup sur cette thématique et nous avons eu l’idée de les rassembler sur un site Internet où elles/ ils ont été libres de les traiter de différentes manières : journalistique, artistique, par écrit, en vidéo, par la danse, le dessin, la peinture, l’écriture, etc."

La rencontre avec notre Secteur et notre animateur Maximilien Atangana a donné une orientation plus locale à une partie du projet. "Là aussi, les élèves ont évoqué plusieurs orientations, comme un parcours décolonial dans les rues de La Louvière ou un appel à témoignages après de la population. Nous avons alors fait appel au service des archives de la ville qui s’est, à son tour, impliqué et a invité les étudiant·es à consulter les documents de l’époque".

Les élèves, répartis par groupes de travail, entraînent leur esprit critique, de synthèse et de communication. "Travailler sur l’histoire coloniale nous permet de nous questionner sur notre propre histoire, nos origines, notre héritage familial, qu’il nous ait été transmis ou non, affirment-ils de concert. Cela pose les questions, toujours très actuelles, du racisme et des inégalités dans notre société".  

Sur la question des traces visibles dans l'espace public, les avis divergent. Pour d'aucun·es, les laisser signifie garder une fierté des actions commises à cette époque et cette arrogance n'est plus admissible. D'autres,  plus nuancé·es, estiment que les enlever reviendrait à ignorer cette partie de notre histoire commune. Le consensus serait de les laisser visibles mais d'y ajouter des explications, de les contextualiser. Et aussi d'ajouter d'autres héros/ héroïnes issu·es des populations colonisées.

Si le sujet divise toujours partout dans le monde, il est temps de l’affronter, pour certain·es de l’assumer, de le remettre dans un contexte juste et factuel, d’écouter toutes les parties et, surtout, de le transmettre de la manière la plus transparente et honnête qui soit. C’est l’une des missions de l’enseignement et la nôtre, en tant que partenaire sur des missions d’éducation permanente.